Derrière cette appellation étonnante se cache en réalité un processus de maturation du vin pour le moins inhabituel. Ce savoir-faire sort des sentis battus et rend ainsi ces crus reconnaissables entre mille. De l’Andalousie au Jura en passant par le Sud Ouest, le vin de voile poursuit doucement son chemin sans jamais perdre de son charme.
Une histoire de biochimie
La majorité des vins sont produis dans des tonneaux ouillés ce qui signifie que, régulièrement, les barriques sont remplies afin de combler la poche d’air créée par l’évaporation naturelle du vin, et ainsi éviter que la maturation tant espérée ne tourne en fermentation acétique. Autrement dit, l’ouillage permet au vin de ne pas tourner au vinaigre.
En apprenant à maîtriser le processus d’oxydation, un certain nombreux de vignerons parviennent à créer un vin onctueux, le vin de voile, en laissant ainsi malgré tout le vin s’évaporer. Le liquide perdu alors remplacé par l’air au sommet du tonneau se nomme la part des anges. En contact avec l’oxygène, la surface se recouvre d’une pellicule de levure qui a le pouvoir de détruire au passage les bactéries responsables de la piqure acétique.
Du temps et de la tradition
Les viticulteurs espagnols ont une technique bien à eux pour l’élevage du vin. Ils montent alors des pyramides de fûts, la criadera, au pied de laquelle on trouve la solera puis la première et seconde criadera. Ils extraient alors le vin enfin prêt de la solera et le remplacer par celui se trouvant au dessus. Ce procédé répété en cascade permet de conserver toujours le même environnement et une saveur constante d’une année à l’autre.
En France, le vin jaune du Jura vieillit durant six longues années avant de pouvoir être déguster. Il est en de même pour le Manzanilla. On constate aussi qu’il y a des cépages de prédilections pour un vin de voile digne de ce nom. On trouve entre autre le cépage Mauzac du Sud-Ouest, le Savagnin jurassien ou encore le Palomino Fino andalous.
Un vin à la hauteur de sa complexité
Lors de sa dégustation, vous découvrirez un large éventail d’arômes avec notamment, le rancio qui s’accentue à mesure des années passées en contact avec l’oxygène. Il est causé par le sotolon, la molécule qui est à l’origine de la couleur dorée voire ambrée que prend ce vin. En bouche, les notes de fruits sec y sont, en général, particulièrement notables et se marient à celles plus subtiles des épices.
Très sec, son velouté et sa souplesse prennent rapidement le dessus. De cette façon, il peut tout à fait être un vin de table. De l’apéritif au fromage, le vin de voile peut vous accompagner à condition de bien choisir les mets. On opte pour du foie gras, des morilles, de la volaille et des fromages comme le Beaufort ou le Comté.