Le ministre de l’Agriculture, Stéphane Travert, annonce le lancement du programme Ambition Bio 2022 qui a pour objectif d’atteindre d’ici 2022 15% de surface agricole utile biologique. Cette initiative gouvernementale touche donc directement le secteur viticole.
Un grand projet
Le président de SudVinBio, Patrick Guiraud, a commenté avec enthousiasme l’annonce de ce plan ministériel. Pour augmenter la surface agricole utile biologique, le gouvernement a donc débloqué une enveloppe de 1,1 milliard d’euros. Cette somme est destinée aux agricoles incluant ainsi les viticulteurs souhaitant se diriger vers une agriculture biologique et ce dans les cinq ans.
Comme le mentionne Patrick Guirand : « Aujourd’hui, la production biologique voit doubler son enveloppe de soutien à la conversion ». Il s’agit donc d’un programme inédit qui aura inévitablement des retombées économiques mais surtout environnementales sur le secteur viticole.
Ce plan gouvernemental s’inscrit dans une démarche écologique qui est guidée par la volonté grandissante des français à consommer des produits issues d’une agriculture plus respectueuses de la biodiversité. Cependant, cette annonce n’a pas été suivie de plus amples détails. Ainsi, les conditions d’obtention de cette aide ministérielle et les modalités administratives à affecter pour en être bénéficiaire n’ont pas encore été publiées.
Comme l’explique Patric Guiraud, « Nous ne connaissons pas encore les conditions d’applications de ce plan, notamment le montant de l’aide ». La concertation du comité de pilotage du programme débutera à la mi-avril pour aboutir à la présentation officielle du plan Ambition Bio 2022. Elle aura lieue durant la première quinzaine de juin à l’occasion du Printemps BIO qui réunit chaque année les acteurs de la Bio à travers la France.
La France, un mauvais élève
La tendance aux produits bio est en pleine expansion en Europe, entre autres avec les vins biologiques qui prennent de plus en plus de place sur la carte des vins proposée notamment dans la restauration. Néanmoins, la France n’est pas aussi encline que ses voisins à la conversion biologique.
En effet, le taux de domaines viticoles qui choisissent de changer leur mode de culture et opter pour une production biologique n’est que de 3% par an. Et ce, contrairement à l’Espagne où le pourcentage de conversion annuelle est de 11% et celui de l’Italie 24%.
Cette réticence s’explique par les contraintes du territoire. Le President de SudVinBio n’a d’ailleurs pas hésité à le souligner : « En viticulture bio, nous avons deux freins techniques importants : la flavescence dorée et le Black Rot. Nous avons un besoin urgent et important en recherche et développement sur ces deux thématiques. ».
Ces maladies qui affectent la vigne et détruisent partiellement des hectares de pieds ne peuvent à l’heure actuelle être prévenues que par des traitements chimiques. Ainsi, ces derniers sont incompatibles avec une viticulture biologique.
Le coût que représente la conversion biologique doit aussi être pris en compte pour justifier ce faible taux. Pour Patrick Guiraud qui travaille dés à présent sur la création d’un label dédié aux vinicultures en conversion, l’aspect financier doit être intégré à cette initiative. Ceci pour aider les vignerons à transformer leur culture mais aussi à rassurer le consommateur grâce à une appellation réglementée.